Tout n’est pas fait d’incertitudes

La hantise du rebond de l’épidémie accompagne la relance du travail. En France, la ministre du Travail Muriel Pénicaud fait pression en annonçant que le dispositif de prise en charge du chômage partiel, qui concerne 12 millions de salariés, va être réduit. Ce mélange de craintes et d’obligations domine l’actualité et occulte les mutations en cours qui affectent non seulement la vie courante mais également le système économico-financier, bien que de manière moins évidente.

Le nez sur le guidon, les autorités ne relèvent pas la tête

Encore une question à 1.000 milliards, cette fois-ci de dollars ! Au dernier pointage, 109 pays émergents ont dans l’urgence demandé de l’aide au FMI, asphyxiés financièrement. Et, d’ici la fin de l’année prochaine, 3.400 milliards de dettes arriveront à maturité et devront être soit remboursées soit « roulées » (renouvelées). La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) réclame l’élaboration d’un « cadre complet pour faire face à la dette souveraine insoutenable ». Problème, il fait défaut.

BlackRock, un champion à suivre de près

Cette crise est mal nommée, car c’est une véritable catastrophe. Les crises sont passagères, les catastrophes sont durables, voire irrémédiables. Celle que nous vivons a été dans un premier temps comptabilisée en nombre de morts, puis en points de chute du PIB et de hausse du chômage, et ce sera bientôt en victimes de la famine. Règne de la survie, l’informalité tourne au désastre. On parle d’atterrissage en catastrophe et l’on a de bonnes raisons de pressentir que l’on ne va pas y échapper.

La demande en berne durable obstacle à la relance

La levée progressive des contraintes du confinement n’est pas entamée, elle se prépare activement mais à tâtons. L’arbitrage a été rendu, le travail doit reprendre, l’économie doit être relancée. De nouvelles mesures sont en discussion afin de financer le redémarrage, mais les coûts additionnés des mesures engagées, qu’ils soient immédiats ou différés, deviennent insoutenables et le débat sur la manière de les régler est lancé, sans trop savoir comment.

Les idées volent quand la dette s’envole

Le démarrage du déconfinement est pour demain, advienne que pourra ! Les uns après les autres, les gouvernements européens arbitrent en faveur de la reprise de l’économie en faisant un gigantesque pari. Les modalités de la levée des contraintes font l’objet de tâtonnements, mais la décision est prise et fait boule de neige. Ce qui les conduit à discuter dès maintenant du coup d’après, du sort qui va être réservé aux nouvelles dettes contractées et du financement de la relance.